Mots-clés : France, le langage familier, francophonie
Les "gros mots"
Je cherchais des informations sur l’origine de cette expression “les gros mots”, mots d’argot en France, et, au contraire, mots savants dans certains pays d’Afrique. Je suis tombée par hasard sur un ouvrage collectif « L’autre enquête : Médiations littéraires et culturelles de l'altérité. » édité par Nella ArambasinLaurence Dahan-Gaida (Accessible ici) .
Je viens le partager avec vous car il évoque, sur bien des points selon moi, notre problématique de l’interculturel en Francophonie à travers une réflexion sur l’autre, sa culture, son approche d’une langue pourtant commune qu’est le français, et le partage de cette langue dans ses différences. Un extrait littéraire met en scène cette réflexion sur l’altérité « d’une langue dans ses variétés». L’extrait cité provient de « Allah n’est pas obligé » (prix Renaudot 2000) de Ahmadou Kourouma.
"Pour raconter ma vie de merde, de bordel de vie dans un parler approximatif, un français passable, pour ne pas mélanger les pédales dans les gros mots, je possède quatre dictionnaires. Primo, le dictionnaire Larousse et le Petit Robert, secundo L’Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire et tertio le dictionnaire Harrap’s. Ces dictionnaires me servent à chercher les gros mots et surtout à les expliquer. Il faut expliquer parce que mon blablabla est à lire par toute sorte (sic) de gens : des toubabs (toubab signifie blanc) colons, des noirs indigènes sauvages d’Afrique et des francophones de tout gabarit (gabarit signifie genre). Le Larousse et le Petit Robert me permettent de chercher, de vérifier et d’expliquer les gros mots du français de France aux noirs nègres indigènes d’Afrique. L’Inventaire des particularités lexicales du français d’Afrique explique les gros mots africains aux toubabs français de France. Le dictionnaire Harrap’s explique les gros mots pidgin à tout francophone qui ne comprend rien de rien au pidgin". Les « gros mots » appartiennent bien ici au « gros français », le français académique et savant."
" La francophonie intègre maintenant beaucoup de néologismes originaires d’Afrique, tient compte de notre usage du français comme le prouvent ces dictionnaires du français d’Afrique, ces dictionnaires pour la francophonie, etc. que je vois paraître de plus en plus nombreux. Pour nous, cela est très important : le fait d’entrer dans ces dictionnaires confère une légitimité à notre usage de la langue et nous libère en quelque sorte. Considérez le cas du portugais et de l’espagnol et voyez combien l’usage que font les Latino-américains de ces langues leur a permis de se développer et de se générer ".(http://www.unice.fr/ILF-CNRS/ofcaf/15/dumont.html)
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