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 Les "gros mots"

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Les "gros mots"

Message envoyé sur la liste interculturel@fing.org le 12 mai 2009.

Je cherchais des informations sur l’origine de cette expression “les gros mots”, mots d’argot en , et, au contraire, mots savants dans certains d’. Je suis tombée par hasard sur un ouvrage collectif « L’autre enquête : Médiations littéraires et culturelles de l'altérité. » édité par  Nella ArambasinLaurence Dahan-Gaida (Accessible ici)

Je viens le partager avec vous car il évoque, sur bien des points selon moi, notre problématique de l’interculturel en à travers une réflexion sur l’autre
, sa culture, son approche d’une langue pourtant commune qu’est le français, et le partage de cette langue dans ses différencesUn extrait littéraire met en scène cette réflexion sur l’altérité « d’une langue dans ses variétés». L’extrait cité provient de « Allah n’est pas obligé » (prix Renaudot 2000) de Ahmadou Kourouma.

"Pour raconter ma vie de merde, de bordel de vie dans un parler approximatif, un français passable, pour ne pas mélanger les pédales dans les gros mots, je possède quatre dictionnaires. Primo, le dictionnaire Larousse et le Petit Robert, secundo L’Inventaire des particularités lexicales du français en noire et tertio le dictionnaire Harrap’s. Ces dictionnaires me servent à chercher les gros mots et surtout à les expliquer. Il faut expliquer parce que mon blablabla est à lire par toute sorte (sic) de gens : des toubabs (toubab signifie blanc) colons, des noirs indigènes sauvages d’ et des francophones de tout gabarit (gabarit signifie genre). Le Larousse et le Petit Robert me permettent de chercher, de vérifier et d’expliquer les gros mots du français de aux noirs nègres indigènes d’. L’Inventaire des particularités lexicales du français d’ explique les gros mots africains aux toubabs français de . Le dictionnaire Harrap’s explique les gros mots pidgin à tout francophone qui ne comprend rien de rien au pidgin". Les « gros mots » appartiennent bien ici au « gros français », le français académique et savant.
 
L’article explique aussi la signification du « français toubatou » (issu de « toubab »), le français de , une « langue étrangère, au sens de venue d’ailleurs, de langue de l’Autre » et nous interroge sur la notion de français « standard » (accepter les standards locaux et leur légitimité sociale). Je vous recommande cette lecture à partir de la page 33 et termine avec une citation d’Ahmadou Kourouma : 

" La intègre maintenant beaucoup de originaires d’, tient compte de notre usage du français comme le prouvent ces dictionnaires du français d’, ces dictionnaires pour la , etc. que je vois paraître de plus en plus nombreux. Pour nous, cela est très important : le fait d’entrer dans ces dictionnaires confère une légitimité à notre usage de la langue et nous libère en quelque sorte. Considérez le cas du portugais et de l’espagnol et voyez combien l’usage que font les Latino-américains de ces langues leur a permis de se développer et de se générer ".(http://www.unice.fr/ILF-CNRS/ofcaf/15/dumont.html)

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