Mots-clés : guadeloupe, canada, la musique et les chants comme marque identitaire
La chronique de l'ethnomusicologue masquéLe quadrille, une danse d'importation européenne |
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Il y a peu de points communs entre les Antilles et le Canada, la Guadeloupe et le Québec. Malgré leur appar- tenance à un même ensemble de culture francophone, et l'exis- tence de liens historiques qui trouvent leur origine dans le continent européen, et la France du XVII ème siècle, on ne peut guère constater, ou mettre en évidence, de parenté musicale. Le Québec et la Guadeloupe ont connu, en effet, une destinée historique divergente : dans un environnement colonial anglo- phone pour l'un, et dans le maintien de liens culturels et politiques avec la France pour l'autre. Toutefois, il existe en Guadeloupe, une danse d'impor- tation qui est encore en usage dans les milieux de la danse traditionnelle : le quadrille.
Une danse venue d'europe Cette danse du XVII ème siècle est passée du vieux continent aux colonies des Antilles et d'Amérique du Sud, par l'intermédiaire des colons, dans les années 1650. Dansé sur une musique de gigue, avec des mesures à 6/4 (*), le quadrille connaît à l'époque un grand succès dans les milieux bourgeois. |
L'origine rurale de ce style chorégraphique se lit dans les noms des figures encore utilisés aujourd'hui : «l'été, la poule, la pastourelle ou le pantalon». «Chacun se pique désor- mais d'aimer la musique et de donner à ses hôtes le régal d'un concert. La musique est devenue un art d'agrément nécessaire à toute éducation distinguée.. Elle fait partie du décor et du style de vie. L'art musical devient une de ces activités qui servent à les individualiser et qui sont un signe de considération et de prestige. Fréquentation du thé- âtre, soirées musicales à domicile ou activités musicales d'amateurs, la musique devien- dra peu à peu une exigence sociale et un signe distinctif de la famille bourgeoise», rapporte Moreau de Saint-Méry, dans un ouvrage qui traite de la danse sur l'Ile de Saint Domingue, aux Antilles. («De la danse». Moreau de Saint-Méry. 1804) L'esclave et la musique des maîtres... Quand l'esclave écoute la musique des maîtres Afin que les esclaves noirs de l'époque coloniale perdent le goût de leurs danses africaines, leurs maîtres, les colons, leur auraient appris ces danses. Le processus d'adoption de ces danses a sans doute été, plus certainement et de manière plus complexe, lié à la relation maître esclave. Quoi de plus naturel, en effet, pour l'esclave, de montrer ou de démontrer à un maître qui la nie, que l'on a une humanité chantante et dansante ? |
Quoi de plus immédiat que le rythme et la danse, un rythme et une danse dérobés au maître, pour subvertir la condition de l'esclave soit-disant sans culture ? «Non seulement elle est partie, elle nourrit l'oreille de l'esclave, mais quelque part, elle lui apporte à lui, humain qui se sait homme, quelque chose de l'humanité de l'ennemi, de l'oppresseur dont il n'aura de cesse de se servir pour vaincre l'oppression», souligne Daniel Maximin, écrivain antillais commentant cette image de l'esclave, écoutant à la porte du maître la musique jouée dans son salon. L'Orchestre Musica Aujourd'hui, parfaitement intégrées dans la culture musicale guadeloupéenne, ces danses et ces musiques ont pris des couleurs rythmiques, et instrumentales, qui sont bien sur, très dissemblables de l'évolution que les musiques traditionnelles du Québec ont connu dans le même temps. (*) Quant au type de mesure utilisée, on retrouve (au Québec du moins), autant de 2/4 (ou4/4) que de 6/4.
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Source : http://imagesetmusiques.free.fr/ethno1.html
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